Fiction 406 by Collectif

Auteur:Collectif [Collectif]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Nouvelles, SF
Éditeur: Opta
Publié: 0101-01-01T00:00:00+00:00

C'était un matin ensoleillé. Les longs voilages de la fenêtre étaient légèrement écartés. Elle s'était donc bel et bien trouvée là, en chair et en os. Une sorte de fièvre nostalgique me poussa à me lever et à fouiller tout l'appartement. Elle avait à nouveau disparu. Reviendrait-elle ? Notre conversation avait-elle en un caractère définitif ? Et qu'avait-elle bien pu dire ?

Passablement égaré, je fis chauffer du café, me douchai, me fis mon injection quotidienne et me rendis au muséum. Le soleil matinal avait disparu dans la grisaille émanant de la cité.

Winston Bulawayo me salua gaiement et me prit à l'écart. « Hé, Dean, qu'en penses-tu ? J'ai couché avec Su hier soir ! Comme au bon vieux temps, sauf que… waou, madame à tellement plus d'expérience, maintenant…»

Je ne réagis pas tout de suite. Il ajouta : « Ma foi, ce vieil Aristo n'était pas là, j'ai tenté ma chance…»

Sans savoir pourquoi, je me sentis déprimé. Je lui donnai une tape dans le dos, mais ne pus m'empêcher de dire : « Ça va faire du grabuge si Aristo l'apprend. Su et lui étaient si heureux. »

« Pas si heureux que tu le penses, » dit-il, d'un air plutôt fâché, devant cette critique implicite. « Rien n'est éternel. En fait, Su envisage de rompre et de vivre avec moi. »

« Qu'en pense Claudia ? »

Il s'immobilisa. « Qu'est-ce que tu as ce matin, Dean ? Tu as toujours été lunatique, de toute façon. J'ai bien vu comment tu lorgnais Claudia. Laisse-la tranquille, compris. Je peux m'occuper de Claudia et de Su. »

« Et Aristo ? Est-ce qu'il rentre ce matin ? »

Les deux dames en question, Su et Claudia, firent leur entrée en scène, l'air contrarié toutes deux. Ma conversation avec Winston se termina brusquement, ce qui était peut-être aussi bien. Il me lança un regard noir avant de se tourner vers Su.

Intérieurement, je me sentais profondément perturbé sans savoir pourquoi.

« As-tu passé une bonne nuit avec la femme nue ? » demanda Claudia, avec sa gravité habituelle, si bien que j'eus du mal à savoir si elle parlait sérieusement. Avant que j'aie pu répondre, elle reprit : « Su dit qu'Aristo a appelé pour dire qu'il sera ici vers midi. Quand Stéphanie rentre-t-elle ? »

— « Bientôt. » Ce fut tout ce que je pus dire. Un soupçon glacé s'était glissé dans mon esprit.

Je m'excusai et pris l'ascenseur pour me rendre dans mon bureau, au quatrième étage. Au bout de quelques minutes, je fus en communication avec nos fournisseurs au Venezuela. Ils traitaient avec les cultivateurs qui avaient défriché les vestiges de la forêt vénézuélienne pour faire pousser le soja qui était un des principaux constituants du plastique avec lequel nous fabriquions nos arbres artificiels. Au cours des derniers mois, il avaient eu des problèmes avec des pirates qui leur volaient leurs produits. Ils semblaient assez calmes, au téléphone : Non, ils n'avaient pas eu le plaisir de voir M. Aristide Smith.

Je raccrochai. Poussé par une douleur intérieure, je

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